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FIC : le récit de la Transroller vue par Jacques Houssais

 Jacques Houssais, vainqueur de la Transroller en V2 nous livre ses impressions sur sa course

FIC-transroller-podium-JH.jpg Podium V2

 

 

Pour la dixième édition de la "Transroller" le thermomètre local indiquait 2°C au lever du jour. Procédure particulière pour l'échauffement,  puisqu'il faut absolument se mettre en jambes, mais pas trop, pour être bien placé au départ il faut se présenter sur la ligne de départ un bon quart d'heure avant le signal du starter, heureusement que le soleil réchauffait progressivement l'air
ambiant.

 

Trois paramètres pour bien réussir la montée vers Mouthe:

1 - Éviter les bousculades du départ dans la partie neutralisée, puis la partie semi piétonne avec la sortie de Pontarlier qui se fait sur une moitié de la route.
2 - Éviter de s'isoler dans les trois descentes majeures, un groupe descend plus vite qu'un athlète seul.
3 - Monter la côté de Brey avec un maximum d'efficacité pour faire la différence et faire le bilan de ceux qui vous accompagnent. Ici entre Pontarlier et Mouthe, il y a des skieurs qui connaissent parfaitement le parcours et jouent les troubles fête.

 

La course :

 

Nous les principaux V2, nous nous sommes placés derrière les lignes Elites, nationaux et autres seniors. Un seul départ groupé, au total nous sommes 398 inscrits, nous serons 310 classés.
10 heures 30, c'est le départ, parcours neutralisé jusqu'à la porte St Pierre, distance effectuée autour des 30 km/h. Annie est sur le bord du trottoir et m'encourage. Le coup de sifflet officiel est donné dans la rue semi piétonne, déjà les groupes sont éparpillés, je me concentre sur le patinage, je ne tiens pas à me planter, la largeur de la rue ne permet pas de doubler sans danger. J'attends d'avoir dépassé le pont du Doubs pour doubler les groupes qui déjà trainent en queue de peloton. Je rejoins Philippe Chapuis, je prends  à ma charge le rythme. Je dois me trouver autour de la centième place. La route de sortie de Pontarlier n'est ouverte que sur la moitié, en contre sens une file de voiture rend les dépassements périlleux, restons prudent. Une fois le rond point des Rosiers atteint toute la route est à nous, petite descente sous l'échangeur où il est hasardeux de vouloir reprendre des places.

 

Voilà, la monté sur Mouthe commence, trois kilomètres de goudron rugueux, seule la piste cyclable est plus roulante. je commence à prendre ma vitesse de course, Le peloton est tout juste à une centaine de mettre devant avec les premiers groupes qui perdent du terrain. Les dépassements se font avec de gros efforts sur la partie rugueuse. Je double Elhadi Bédiaff, j'essaie de prendre une vitesse supérieure, le peloton semble tout proche. Il me semble que je ne peux pas faire plus, je ne veux pas suivre le rythme d'un peloton élites. Je rejoins Serge Guichard juste avant la longue montée de Oye et Pallet, je l'encourage à rester avec moi. Je prends un long relai et nous rejoignons des petits groupes. Serge prend un relai qui me permet de récupérer, je reprends la tête du petit groupe constitué dans la partie la plus pentue, je ne cherche pas à en faire plus, je me souviens que de faire les descentes seul n'est pas bénéfique. Première petite descente, je me mets en tête. Le groupe constitué me pousse vers l'avant, une autre côte, une autre descente dans le même style nous entrainent vers la montée sur Malbuisson. Surprise, dans cette montée je vois Elhadi et Philippe me doubler avec un autre groupe. Je pense que plus nombreux, ce groupe est descendu plus vite que le mien. Re surprise, ils craquent tous les deux dans cette montée plus physique.

 

Arrive la plus grande descente dans Malbuisson, Je me glisse au milieu du groupe constitué. Je me concentre, la vitesse est donnée par la queue qui roule plus vite. Les jambes sont un peu tétanisées par la position statique. Deux à trois foulées dans le replat redonnent les bonnes sensations de patinage. Je rejoins Olivier Heuzé dans ce replat. Il s'est certainement usé à vouloir suivre le rythme élite, et les descentes en solo ne sont pas bénéfiques. Après Labergement Ste Marie, Olivier essaie de relancer le rythme, je le contre tout de suite. Sur le bord de la route les gens acclament un certain Gérard. Il y a huit ans, pour ma première montée, un certain Gérard Maire m'avait impressionné sur la facilité qu'il avait à monter les côtes dans un style pas du tout académique. Et bien ce Gérard prend en charge la montée de la côte de Brey. En suceur de roues, je lui laisse l'initiative du relai. En sortie du plus fort pourcentage, on se retrouve bien détachés, il me sollicite sur la fin de la montée, j'accepte le challenge et nous revenons sur des petits groupes isolés. Maintenant pas question de louper la course, je sais que la Fic est dans la poche, maintenant il ne reste plus qu'à construire autre chose. Sur les derniers kilomètres je fais tout pour que le train reste constant et attaque les derniers replats montants avec détermination. J'ai le temps de demander si c'était bien ce Gérard d'y il y a huit ans, il ne se souvenait pas de moi, mais moi oui. Question insolite, "Gérard tu as quel âge maintenant? Réponse, j'ai cinquante ans. Je me dis que si je dois gagner enfin la manche de Pontarlier, je ne ferai pas une troisième erreur et me faire battre par un gars du coin sans le savoir.

 

Toutefois il reste encore cinq kilomètres, une route roulante et à plus de 30 km/h on arrive à Mouthe, il ne reste plus qu'une boucle de deux kilomètres avant l'arrivée. Cette boucle je la connais parfaitement maintenant. Nous sommes environ un groupe de 12 coureurs, des seniors en majorité. Avant un virage à gauche sur le pont du Doubs, je me mets en queue de peloton pour observer le comportement de mon adversaire direct. Il reste une montée de quelques mètres autour de 18 %. Mon Gérard reste planté, il m'avouera plus tard qu'il était allé au bout de ses forces. En sortie de cette montée deux petits groupes se sont formés, je prends l'initiative de ramener le second sur le premier. Le trou est fait, tout le monde se regarde, cela ne me conviens pas, je préfère que le train soit toujours fort et constant. Je me mets à invectiver ce groupe, prétextant qu'un presque sexagénaire ne va pas faire la course à des jeunots. Certainement vexés, tous lancent le sprint dans le dernier kilomètre, il ne me reste qu' à me mettre au chaud et à me placer pour l'arrivée. Dernier kilomètre effectué pour moi en 1 minute 39 secondes. C'est l'arrivée, comme c'est une course en aveugle je cherche à savoir qui est arrivé devant nous.

 

L'attente de la liste d'arrivée et voilà enfin un rêve qui se réalise, gagner Pontarlier.

                                                                                                                                      Jacques Houssais

 

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L
<br /> <br /> Merci Jacques pour nous faire vivre (en la lisant ) cette course de l'intérieur et toutes nos félicitatons pour ces belles victoires (Pontarlier et la FIC).<br /> <br /> <br /> Bravo à toi Jacques.<br /> <br /> <br /> <br />
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